dimanche 27 décembre 2009

Petit poisson d’argent et Sirène d’or

Petit poisson d’argent se tortille dans les profondeurs de la mer. Appréciant cette demeure pour l’immensité qu’elle offre, il vit paisiblement sa vie sans craindre le danger. Minuscule, il passe inaperçu dans son monde féerique. Il nage sur le dos, sur le ventre, sur le côté, fait des bonds et parsème l’océan de petites bulles qui disparaissent aussitôt dans les vagues.

Il a pour amie Sirène d’or. Cette créature habite la mer depuis toujours. Sa beauté l’émerveille. Douce, angélique, cette sirène représente l’univers du petit poisson. Ils vivent une amitié authentique qu’aucune menace ne peut détruire. La mer leur appartient et rien ne peut empêcher cette magie de s’accomplir.

Si, comme moi, tu crois à l’impossible, ouvre ton cœur et affirme que le silence peut parfois te faire ressentir des émotions d’une pure candeur. Laisse jaillir ta naïveté et l’enchantement se fera.

Petit poisson d’argent se camoufle dans la chevelure abondante de la sirène. Le temps n’a plus d’importance.
« Où suis-je, demande-t-il à son amie?
— Tu es à la base de mon cou, sur mon épaule, derrière mon oreille, tout près de mon cœur. »
Quel plaisir pour elle de découvrir l’endroit où son compagnon aime se blottir !

Nageons jusqu’à notre repaire, le premier arrivé devra encourager l’autre dans sa persévérance. Petit poisson d’argent est menu, il sait qu’il sera celui qui devra être réconforté. Qu’importe, il éprouve tellement de plaisir à partager son amitié.

Soudain, un filet surgit. Incapable de ralentir son élan, Sirène d’or se dirige tout droit dans le piège. Et la voilà captive ! Petit poisson d’argent est courageux, mais il est incapable de délivrer son amie, le filet est trop résistant, son impuissance est évidente. Sa sirène s’affaiblit, il nage sur le dos, sur le ventre, fait des milliers de bonds, sa défaite est visible, il est si petit !

Ne sachant plus quoi faire, il s’enfonce dans les profondeurs et se dirige vers le maître de ces lieux, Dieu de la mer.
« Ma sirène est détenue dans un filet de pêcheur, aide-moi. Seul, je n’y peux rien, supplie Petit poisson d’argent !
— Elle appartient désormais aux hommes, répond Dieu de la mer.
— Je ne peux l’abandonner, aide-moi à la sauver, implore-t-il. »

Ressentant la douleur du petit poisson, Dieu de la mer accepte d’agir. « Je peux transformer ton apparence, mais tu devras renoncer à l’océan. Tu vivras désormais sur la terre » Petit poisson d’argent accepte ce sacrifice sans réfléchir. Tout ce qu’il désire, c’est sauver son amie.

Aussi rapide que l’éclair, Petit poisson d’argent se voit expulsé de la mer. Dans ce corps d’homme, il ressent la puissance. Il se dirige vers la grève, là où les pêcheurs détiennent sa sirène. Il délivre son amie, la serre sur son cœur et la remet à l’océan.

Seul sur la grève, Petit poisson d’argent s’ennuie. Pas de réconfort, personne ne croit à son histoire. Sur un radeau, il part à la dérive. Il doit naviguer. La mer est le seul endroit où il se sent compris. Le soleil resplendit, une douce brise sèche ses larmes. Un groupe de baleines émet des sons qui ressemblent étrangement à une prière.

Dans les profondeurs de l’océan, Dieu de la mer ressent de la désolation pour son sujet. Il doit accomplir un geste de bonté. En signe de puissance, il réclame une annulation de l’engagement de Petit poisson d’argent.

Soudain, la mer s’agite, les vagues déferlent avec force. Les étoiles de mer s’enchaînent et forment un lien de générosité. Le spectacle est grandiose. Dieu de la mer proclame : « Je suis le maître de ces lieux, j’ordonne le retour de Petit poisson d’argent parmi les siens ».

Tu ne crois pas à ce récit!

Si un jour tu te rends à la mer, prends un coquillage dans tes mains, porte-le à ton oreille, il te racontera cette belle histoire. Si tu n’entends qu’un son de vague, c’est que tu n’écoutes pas avec ton cœur.

Refais un autre essai, sois attentif. Laisse-toi bercer par l’histoire de Petit poisson d’argent et de Sirène d’or. Cette légende existe vraiment, Dieu de la mer en a décidé ainsi!

Claire Maloney, Valcourt, Québec

2 commentaires:

  1. MERCI À MADAME MARIE COLLARD D'AVOIR EU ASSEZ CONFIANCE EN MON TEXTE POUR LE PUBLIER.

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  2. Après avoir lu ce texte,je trouve cela attendrissant qu'une personne puisse utiliser la nature pour partager ses sentiments

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